jeudi 31 décembre 2015

J-113 – Bilan statistique fin 2015

2029 pages ont été visitées depuis l’ouverture de ce blog le 7 avril 2015.
15 articles ont été publiés et ils ont donné lieu à 9 commentaires.

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mercredi 25 novembre 2015

J-149 – Racisme et vendredi sanglant

Ça commence par le chagrin et la colère. Dans les jours d'après, l'émotion s'apprivoise, petit à petit. Le sommeil s'améliore. Vient alors le temps de la réflexion, voire celui de l'action. L'action politique n'est pas dans ma nature. Je suis trop jaloux de ma liberté pour m'inféoder à un quelconque parti. 


Mes racines sont gaullistes. Mais le gaullisme a-t-il un sens sans De Gaulle ? Ce que ferait De Gaulle, je l'ignore autant que n'importe qui. Une seule chose est certaine : cela surprendrait tout le monde. Mais que faire alors ? Entre le silence et la parole, j'ai hésité. Pourquoi rajouter mon grain de sel ? On entend déjà tout et n'importe quoi. Je suis si peu audible, ma voix se perdra. 

Pourtant, même dans le désert, en dépit de tout, je prêche encore. 
Car qui ne dit mot consent, qui se tait est complice.

Je ne peux pas consentir à ce qu'une personne paisible, dont on ignore tout, soit agressée, même verbalement, sur les seules bases de son physique et de son habillement. Certains prétendent hélas, de cette ignoble manière, venger les morts, même à Versailles. Quelle connerie ! Quelle abjection ! Quelle lâcheté ! Ça s'appelle le racisme, mot employé pour une fois dans son sens le plus précis.

Pour autant, je ne peux pas laisser dévoyer à l'envi le sens du mot racisme. Attendre d'un étranger un minimum de respect pour le pays qui l'accueille, pourquoi pas un peu de gratitude, n'est pas du racisme. Ce n'est pas non plus du racisme que de refuser qu'un nouvel arrivant nous impose sa culture, sa religion et son mode de vie. Que dire de sa barbarie ? Ce n'est toujours pas du racisme que de vouloir réintégrer dans le territoire de la République ces zones de non-droit qu'il ne faut pas stigmatiser mais dans lesquelles, depuis plus de 30 ans, dans le déni de l'évidence, on laisse complaisamment fermenter un poison mortel. Ce n'est enfin pas du racisme que de refuser que des pans entiers de l'histoire de la France soient travestis à des fins de propagande. 
C'est juste un brin de bon sens populaire !


PRAY FOR PARIS !


vendredi 20 novembre 2015

J-159 – Vendredi sanglant

Femmes musulmanes - Grande mosquée de Paris - 3 novembre 2002


Depuis le vendredi sanglant, j'essaie d'apprivoiser mes émotions, comme beaucoup. Ce n'est pas facile. Je me suis laissé dire qu'on s'habituait. Je n'ai pas encore l'habitude. Alors j'ai du mal. Cette photo m'aide. Je ne sais pas pourquoi, ni comment. Elle m'apaise. Je l'ai prise à l'occasion d'une visite à la Grande mosquée de Paris. C'était exotique et pittoresque. J'ai pensé que cela remplaçait avantageusement un voyage au Maroc. Je n'ai pas beaucoup de sympathie pour ces deux femmes. Pas assez sexy. Mais leur dévotion à l'Islam a l'air paisible. Elles ont une certaine dignité. Je ne sais pas quoi dire de plus. Je pense à ma mère. Je suis un petit enfant. Ma mère me fait approcher d'un gros chien bavant, hideux, monstrueux. 

Elle dit :
           – « Tu vois qu'il n'est pas méchant 
Alors je m'apaise.



PRAY FOR PARIS !



mardi 13 octobre 2015

J-197 – Projet à l'eau !

Trois mois durant, je me suis penché avec sollicitude sur le berceau d'une idée d'activité nouvelle qui me semblait pleine de promesses. Aujourd'hui, j'y renonce. La déception est inévitable. Je ne considère pas pour autant que cette aventure soit un échec. L'étude d'un projet sert précisément à en vérifier la viabilité. En l'espèce, cette étude conclut à une impasse commerciale. Je n'ai pas lieu d'en être maussade puisque ce travail m'a fait économiser des investissements inopportuns. J'ai également passé de très bons moments sur ce projet et c'est une expérience que je capitalise avec bonheur. Que dire de plus ? Je me remets dès aujourd'hui en chasse d'une nouvelle idée. J'ai encore tout mon temps. Alors je vais juste laisser dire et boire frais...


mardi 29 septembre 2015

J-211 – Le temps passe...




Au fur et à mesure que, telle une peau de chagrin, s'amenuise mon espérance de vie, s'accentue la fébrilité de ma quête du meilleur usage du temps qu'il me reste à vivre. De fait, le temps est bien une ressource à investir et c'est même la plus précieuse d'entre toutes. Voici quelques repères qui m'aident à naviguer dans ce domaine.


Ce que tu feras sans prendre le temps, le temps ne le respectera pas. C'est au grand photographe Jean Dieuzaide (1921-2003) que nous sommes redevables de cette parole d'or qui nous invite à rester tout à notre tâche sans nous en laisser distraire, ni par la pendule, ni par des sollicitations  parasites.


Je suis un fervent adepte de la gestion du temps car elle permet de réserver des plages horaires suffisantes pour des activités choisies et prioritaires. Le caractère prioritaire (ou l'importance) n'a évidemment rien à voir avec l'urgence. Une bonne gestion du temps permet d'ailleurs d'abolir pratiquement la notion d'urgence. Il ne s'agit pas d'essayer de faire le maximum de choses dans le minimum de temps. La gestion du temps n'est pas un outil de productivité mais un outil de bien-être pour rester disponible et en bonne forme.  La bonne gestion du temps est un savant dosage pour trouver la ligne de crête qui sépare le manque de temps de l'excès de temps. Le manque de temps conduit à la précipitation, source d'énervement et d'erreurs. Il en résulte presque toujours une perte de temps qui ne fait qu'aggraver les choses en un cercle vicieux. A l'inverse, l'excès de temps conduit à un mauvais usage du temps car, la nature ayant horreur du vide, le temps excédentaire a toutes les chances d'être colonisé par des tâches indésirables. Celles qui tuent un temps qui ne demande qu'à vivre. Tuer le temps, c'est s'absorber dans une distraction stérile qui monopolise l'esprit et conduit à ne plus voir le temps passer. Les émissions de télévision et les jeux vidéo appartiennent hélas généralement à cette triste catégorie. A l'inverse, les occupations qui laissent l'esprit vagabonder sont extrêmement fécondes : la promenade le long de la mer ou en forêt (à condition d'adopter une déambulation nonchalante) ou encore le jardinage favorisent le "lâcher prise" et stimulent puissamment la créativité. Loin d'être négligeables, ces activités sont à retenir parmi les plus prioritaires de toutes.


La liste de tâches est le support le plus simple de la gestion du temps mais attention à la tendance naturelle des listes qui est d'exagérer l'importance des tâches les moins importantes au détriment de l'essentiel. Il est des tâches qu'il vaut mieux ne jamais noter dans une liste afin de pouvoir les oublier plus facilement. Ce sont les tâches "biodégradables", beaucoup plus nombreuses qu'on ne l'imagine.


Une note optimiste pour conclure : cessons de nous lamenter sur le temps qui file. Si la fuite du temps nous arrache trop souvent à de bons moments, fort heureusement, par un processus analogue, c'est elle aussi qui nous tire à point nommé des pires situations.

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En complément de ce billet, ne manquez pas de lire l'excellent l'article suivant :




dimanche 23 août 2015

J-248 – Fin des vacances

La quasi totalité de mon temps de vacances et de mon énergie aura été consacrée cette année à ma petite-fille (5 ans). Je m'émerveille de voir se construire sa personnalité. J'aime retrouver chez elle les expressions de son père lorsqu'il avait son âge. J'aime son regard teinté de soleil levant. J'aime (même si je ne comprends rien) l'entendre parler japonais avec ma belle-fille et surtout l'interpeller en "franponais" : Maman wa !
Émerveillé mais fourbu, j'entends maintenant goûter un repos bien mérité dans le calme de mon bureau, tant que j'en dispose encore. Il faudra que je me trouve un autre refuge lorsque la retraite sera venue.



Trop occupé par la plage, je n'ai guère eu le temps de lire mais je recommande tout de même vivement cette remarquable pépite : Les sept chiens de l'AventUn aperçu est disponible en ligne.
L'auteur, Jean Pierre Simonet, est un ancien collègue de travail que je tiens en très haute estime et amitié. Comme moi, il sera bientôt à la retraite. Ce recueil de nouvelles est très prometteur et il est bien possible qu'un premier roman soit déjà en préparation.






J'en profite pour saluer un autre futur retraité sympathique, Charles Hittelet, et pour vous recommander la visite de son blog. On y trouve de quoi alimenter sa réflexion dans une foule de domaines. C'est pétillant, foisonnant, poétique et pertinent. Comme je le fais, Charles Hittelet tient le décompte des jours qui le séparent de son départ à la retraite. Ce sera, presque jour pour jour, en même temps que moi.


Pour que ce compte rendu estival soit complet, je me dois hélas enfin d'honorer la mémoire de ma cousine F. brutalement disparue le 12 août dernier à l'âge de 63 ans. Nous aimions bien jouer ensemble sur la plage, il y a plus d'un demi siècle de cela... 

mercredi 15 juillet 2015

J-287 – Je passe en mode projet

Rien de vaut la contemplation de la mer 
pour débloquer les neurones.

Dinard : vue depuis la villa Roches Brunes


Il y a un peu plus de trois mois, j'ai ouvert ce blog parce que je supportais mal d'avoir été mis sur la touche au plan professionnel. M'exprimer m'a fait le plus grand bien et je me suis vite senti nettement mieux. Mais j'ai aussi pris conscience que le temps filait beaucoup plus vite que je ne le pensais. Je commençais tout juste à m'inquiéter de n'avoir aucun projet concret en vue, lorsque les déferlantes de Dinard ont déposé, à mon intention, une idée sur la plage : belle illustration de la vertu du "lâcher prise" ! J'envisage de relater dans ce blog les étapes à venir de la mise en oeuvre de cette idée, même si je dois, pour l'instant, en garder la substance confidentielle.

L'idée possède en tout cas deux traits essentiels :

1 - La part belle au rêve
Après une vie faite de compromis, je ne pourrai m'épanouir à la retraite que si ma nouvelle activité laisse au rêve la plus belle part.

2 - Un terrain connu
Le projet se situe dans un contexte que je connais, il exige des compétences professionnelles que je possède déjà et pour lesquelles je peux me prévaloir d'une légitimité qui ne sera pas mise en cause. Ceci est très important. J'ai acquis la conviction qu'apprendre un nouveau métier à 65 ans n'était pas à ma portée. J'ai d'ailleurs déjà pu observer, dans mon entourage, l'échec d'une tentative de cet ordre. Repartir à zéro ne permet pas d'acquérir un savoir-faire comparable au fruit de l'expérience d'une vie. Il est vrai que des exemples inverses existent : j'ai connu personnellement un commandant de bord d'Air France devenu professeur d'égyptologie à l'université. Ce genre d'exploit exige tout de même une énergie et une passion à soulever les montagnes. Encore s'agissait-il, en l'espèce, d'une reconversion en cours de carrière, longuement mûrie et préparée, et non pas d'un projet de retraite. 

samedi 20 juin 2015

J-312 – Point d'étape


Résumé des chapitres précédents :
         Le projet dont je rêve pour ma retraite devrait posséder au moins les deux qualités suivantes :

  • répondre aux besoins que ma situation professionnelle parvient à combler aujourd'hui encore pour quelques mois, 
  • s'enraciner dans mon histoire familiale et dans mon histoire personnelle. Ces bases, je les ai qualifiées de "fragiles". Elles feront pourtant bien l'affaire si mon projet respecte leur nature. Ma retraite sera leur dernier avatar. 




mardi 9 juin 2015

J-323 – Relecture d'histoire familiale

Après le temps des photos jaunies, 
vient le temps des sépultures abandonnées.
Et dire qu'au tout 
début, il y avait l'âge de l'insouciance !




La vie familiale est comme un paysage qui, année après année, se transforme lentement mais dont la pérennité demeure pourtant. Il y a des amours, des unions, des naissances, des projets (petits ou grands), des espérances, des déceptions, des renoncements, des morts et parfois des drames. Tous ces événements sont des repères mais bien rarement des ruptures. Ce qui me frappe, c'est au contraire la permanence, la continuité de l'aventure, la transmission, de génération en génération, d'une histoire, c'est à dire d'un patrimoine qui transcende largement les biens matériels et même culturels.
Faut-il convoquer ici la psychanalyse transgénérationnelle ? En tout cas, les racines de la psyché individuelle et de ses pathologies s'enfoncent, j'en suis convaincu, bien au-delà de la naissance, voire même de la conception du sujet. L'histoire des vies et l'enchaînement des générations se tissent dans la banalité du quotidien. Pourtant, au bout du compte, toutes les vies forment une aventure extraordinaire. De ce roman familial, je ne suis qu'un personnage secondaire mais c'est peut-être ce qui me donne le recul nécessaire pour témoigner sereinement auprès de ma descendance.


Ce texte n'est autre que le prologue d'une histoire familiale que je rédige depuis 2010 sous le titre de Au fil du temps - 120 ans d'aventures familiales (1867 - 1986). La partie qui s'étend de 1867 au début des années 1950 est déjà achevée. Depuis plus d'un an, je marque une pause face à ma naissance qui est un obstacle que je peine à franchir. Ce recueil n'a pas vocation à être diffusé en dehors d'un cadre familial mais je recommande cette expérience. Elle  m'a beaucoup aidé sur un plan personnel.

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Comme le précédent, ce billet est consacré à une relecture du passé. Ces deux derniers textes peuvent paraître amers. En vérité, ils ne le sont pas, ils sont simplement factuels. Le regard que je cherche à porter sur les faits s'inspire de celui neutre et objectif de l'historien. Le passé (et même ses conséquences) n'est ni bon, ni mauvais : il est. Même la part émotionnelle n'est au fond qu'un donné parmi d'autres. J'ai eu autrefois un camarade de classe qui avait raté l'avion parce que le taxi qui le conduisait à l'aéroport était tombé en panne. Pour lui, c'était une catastrophe. Mais l'avion qu'il devait prendre s'est écrasé au sol sans laisser de survivants. Fatum ! Sur un mode plus universel, la Passion de Jésus est l'histoire d'un meutre abominable, d'un acte de torture monstrueux. Mais c'est aussi l'événement fondateur de la religion chrétienne et d'une nouvelle ère dans l'histoire des civilisations. Je limite volontairement ce propos à ce qui est indiscutable quelle que soit notre foi.



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samedi 30 mai 2015

J-333 – Relecture de vie

Je ne veux pas m'appesantir niaisement sur de vieilles anecdotes. Ce serait là une posture bien trop tournée vers ce qui n'est plus, c'est à dire vers la mort. Les souvenirs peuvent être malsains, il faut s'en méfier mais il faut aussi les respecter car, s'ils ont parfois un goût de mort, le passé est fondateur, racinaire, source de vie et de culture. Interroger le passé par sentimentalisme ou narcissisme est stérile mais repérer dans le passé ce qui est assez solide pour fonder l'avenir est fécond. Fort de cette conviction, je me suis intéressé assez naturellement à l'idée d'une relecture de vie. Je continue en cela à piller sans vergogne la démarche de Marie-Paule Dessaint.

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Fils d'un homme imposant, d'un industriel à qui je devais succéder, j'étais prédestiné à incarner la cinquième génération d'une petite dynastie de chefs d'entreprise. Dès ma naissance, mon père me présentait déjà fièrement comme « l'héritier de la couronne ». Sans tenir compte de mon jeune âge, des adultes m'entouraient de déférence. Au point que j'ai fini par me considérer comme un personnage plus important que les autres. La source de mes privilèges s'est chargée de réduire à néant cet orgueil mal placé. À l'évidence, il s'agissait non pas de ma valeur personnelle mais hélas de mon statut de fils, exclusivement. Cette cruelle déconvenue, dont les ressorts m'étaient à peu près inconscients, s'est envenimée à l'adolescence sur un mode névrotique. France Gall chantait : Résiste ! Prouve que tu existes ! Comment exister ? Je suis devenu cynique, asocial, voire misanthrope, rebelle à toute forme d'autorité. Plus tard, j'ai jeté ma fureur de vivre dans le ski hors piste, le sport automobile, la moto, l'aviation légère et même la voltige aérienne. J'ai eu de la chance : j'en suis sorti indemne, physiquement. Au mental, c'était autre chose. J'étais inapte à toute prise de décision, notamment quant à mon orientation professionnelle. La pression psychologique que mon père exerçait sur moi pour que je lui succède n'avait d'égal que la résistance farouche que je lui opposais. L'immobilisme était le seul effet possible de ces deux forces antagonistes. Ceux qui pratiquent le tir à la corde comprendront. Le cul entre deux chaises et à force de courir deux lièvres à la fois, mes études terminées, je n'étais préparé à rien. Entre la reprise de l'affaire paternelle ou une voie plus personnelle, j'ai laissé les événements opérer un choix à ma place. Pour mes parents, les architectes et les fonctionnaires représentaient la lie de la société, dans ce qu'elle a de plus bas. Combien de fois à la maison, ai-je entendu ce jugement définitif à propos de tels parents dont le fils avait failli : « Comme ça n'était qu'un bon à rien, ils l'ont foutu fonctionnaire. De toute façon, il n'aurait jamais pu faire autre chose ! » Tous les mots sont importants. Leurs motifs leur appartenaient. Par un hasard qui ne peut pas tout à fait en être un, je suis devenu d'abord architecte puis, quelques années après, fonctionnaire.

Lorsque je suis rentré dans l'administration, j'ai tout de suite eu l'impression d'arriver chez les fous. Cependant, mon premier fils entrait en maternelle, le second est né peu après. Lorsqu'on a charge d'âme, on ne quitte pas un job qui offre à la fois une garantie d'emploi à vie, un salaire assez élevé et des conditions de travail plutôt confortables. Et c'est ainsi que j'ai passé le restant de ma carrière dans la fonction publique et c'est pourquoi j'y suis encore aujourd'hui. Mais dans 333 jours précisément, ça s'arrête !

Telles sont les fondations sur lesquelles je me prépare à édifier ma retraite ; elles sont bien fragiles mais, contre vents et marées, je garde l'ambition d'une réussite, enfin.



EPILOGUE

Mon père a fini par céder son entreprise, en abandonnant les portraits de ses ancêtres sur les murs de son prestigieux bureau. Quelques années plus tard, l'usine a fermé. Une centaine de personnes ont perdu leur emploi et une partie d'entre elles m'en a tenu responsable. J'aurais pourtant été bien incapable d'empêcher ce désastre. Peu de temps après, mon père est mort – en est mort, ont pu dire certains – en se demandant toujours pourquoi je ne lui avais pas succédé.

Il y aura bientôt 30 ans de cela.

mercredi 20 mai 2015

J-343 - Les bons côtés de mon job actuel

Le site de la coach québécoise Marie-Paule Dessaint regorge d'analyses et de conseils très utiles pour les futurs retraités. Au point que je me dois de mettre un bémol au jugement sévère que je porte en général sur la corporation ! Le conseil personnalisé qu'elle m'a adressé (via Twitter) est de profiter des jours qui restent pour apprécier tout ce que le travail m'apporte.
Convaincu de l'intérêt de tirer ce fil, j'ai commencé par établir (par ordre d'importance décroissante) une liste de ce qui me plait dans mon job actuel, en dépit de tout.


BONS CÔTES :

  1. Évoluer dans deux univers parallèles, l'un familial et l'autre professionnel, qui modèrent mutuellement leurs exigences respectives dans un processus d'autorégulation.
  2. Jalonner ma journée de rites ou de repères auxquels je suis attaché : le petit-déjeuner au calme, la fraîcheur de la ville au petit matin, l'anonymat du train, le confort protecteur de mon bureau – j'ai toujours aimé les tours d'ivoire –, le repas partagé avec un petit groupe de collègues, toujours les mêmes, le vent de liberté du retour à la maison...
  3. Travailler de manière très indépendante sur des sujets choisis selon mes aspirations personnelles.
  4. Envers et contre tout, attribuer un vague sens, fût-il illusoire ou récréatif, à la production collective à laquelle j'apporte ma modeste contribution.
  5. Appartenir globalement au monde des actifs, celui d'un grand quartier d'affaires, et plus singulièrement à une entité dotée des moyens et services propres à toute structure organisée.


vendredi 1 mai 2015

J-362 - Trop vieux !

"Vous êtes trop vieux !" Navrant résultat d'un test qui mesure ma capacité à créer une petite entreprise pour agrémenter ma retraite. Combien de fois, adolescent, suis-je sorti de mes gonds parce qu'on me disait que j'étais trop jeune ? Je savais du moins que cela allait s'arranger. Trop vieux, c'est infiniment plus grave, c'est même sans espoir. J'ai essayé de lutter. J'ai tenté de censurer rigoureusement ma conversation, de l'expurger de toute allusion à une quelconque expérience. Ainsi voulais-je faire mine de ne rien connaître et de désirer tout découvrir dans l'actuel. Quoi de plus exaspérant que le bonhomme - syndrome du vieux con - qui ramène tout à ses exploits passés ? Pour peu, j'aurais lancé des projets dans le seul but de prouver ce que je savais d'ores et déjà parfaitement. Cette orientation artificielle vers le futur et ce refus de me prévaloir d'une expérience se soldèrent par un échec complet. J'ai simplement dû passer pour un demeuré. Je me résigne donc et conviens que je suis irrémédiablement ancré dans un passé pourtant révolu. Qui donc pourrait encore prendre mes projets au sérieux ?


samedi 11 avril 2015

J-382 - La machine de Tinguely

La meilleure image que je puisse donner de mon univers de travail est celle des machines de Jean Tinguely (1925 - 1991) : des machines qui ne peuvent servir à rien en dépit de leur inextricable complexité. Je me vois comme un petit rouage dans une gigantesque machine de Tinguely.



Si j'ai recours à cette métaphore, c'est uniquement pour planter le décor de ma vie professionnelle finissante, nullement pour régler des comptes. Que l'ensemble du système politico-administratif français soit très gravement et profondément malade, n'est hélas qu'une triste évidence mais cette réalité est ici hors sujet. Ma perspective n'est pas de soigner le patient, ce n'est pas non plus de l'achever, mais juste d'apprendre à cohabiter avec lui pour quelques mois encore. Tel est mon choix, telle est la posture que j'entends assumer : m'adapter à mon milieu et non pas me lancer dans la vaine entreprise de le changer. Cela relève, si l'on veut, d'un vague esprit bouddhiste.

jeudi 9 avril 2015

J-384 - 33 millions de secondes

Avec ce genre d'affichage, on est certain de faire  sourire. Pourtant, le lent et lancinant décompte des secondes n'est pas un spectacle très épanouissant. 




mercredi 8 avril 2015

J-385 - Carpe diem

Pour l'instant, je ne m'occupe pas de ma retraite, c'est encore prématuré. Je tente seulement d'affronter, sans y laisser trop de plumes, l'épreuve de ma dernière année d'activité. Ce défi suffit largement à absorber ce qui me reste d'énergie.
À chaque jour suffit sa peine.


mardi 7 avril 2015

J-386 - Bonjour !

Vieux bonhomme bien ordinaire, je bénéficie pourtant d'un "statut", celui de "cadre supérieur" dans la fonction publique de l'État. À cause d'une fusion, pour ma dernière année d'activité, j'ai été bombardé "consultant expert de haut niveau" (sic). Vous avez dit "mise au placard" ? Sans nier les quelques privilèges qui s'y attachent, mon cas, aussi banal soit-il, n'en demeure pas moins parfois pesant. Exorciser les démons de ma situation professionnelle, voilà ce que j'attends de ce blog. Mais j'espère aussi que mon expérience sera utile à d'autres futurs retraités qui me ressembleraient.