dimanche 6 mars 2016

J-47 – Fin du voyage

Cette longue traversée vers la retraite touche à son terme. 
Le rivage révèle enfin son relief à l’œil nu. 
Les plages et les falaises se dessinent. 

Il me reste tout de même encore six semaines à tirer sur ce fichu rafiot. La vie à bord est de plus en plus insupportable : le bruit, l'inconfort, les rats, les odeurs, l'humidité, la promiscuité, l'eau rationnée, croupie et verdâtre malgré le vinaigre, la nourriture avariée, le scorbut.




Oups ! j'allais m'abandonner à une caricature. La cantine n'est certes pas terrible mais fort heureusement on n'en est pas encore là. N'empêche que mon impatience s'intensifie d'heure en heure et que je fantasme comme un enfant à la veille de Noël. Cet état de nervosité n’échappe pas aux autres marins. Ceux qui repartiront avec le vaisseau après mon débarquement voudraient bien être à ma place. Comme je les comprends ! Même si mon travail m'a apporté certaines satisfactions  – Voir : J-343 – Les bons côtés de mon job actuel – je n'en attends plus rien aujourd'hui et j'ai hâte d'en finir. L'aventure est ailleurs !
Quelques dispositions ultimes s'imposent pourtant encore pour passer honorablement l'épreuve des derniers jours : organiser les solennités d’adieu, ranger mon bureau, nettoyer mon ordinateur... Et le plus important : prendre soin de moi.


PRENDRE SOIN DE SOI

L'étape finale est sélective. Comme dans une épreuve sportive, l'enjeu est de rester concentré et en bonne forme jusqu'au bout. Il faut tenir jusqu'à la fin de la partie, même si le maintien au travail est désormais ressenti comme une forme de détention. C'est, plus que jamais, le moment de s'offrir de petits plaisirs pour calmer son impatience. L'estime de soi est également à cultiver méthodiquement.


FAIRE SES ADIEUX

Je ne ferai pas de pot de départ car la nature de mes relations avec mon employeur  – Voir : J-386 – Bonjour ! –  entacherait un tel cérémonial d’une hypocrisie inacceptable. Je n’ai pas pour autant l’intention de partir sans partager un moment de convivialité avec mes collègues de travail. J’ai prévu un déjeuner privé en dehors du bureau avec les plus proches d’entre eux. J’organiserai, pour un cercle un peu plus large, une petite bouffe sur le tas, genre beaujolais charcuterie. Mais cela restera dans le cadre d’une assistance restreinte, à huis clos, sans discours, ni trompettes.


LAISSER PLACE NETTE
Même si le nettoyage relève de la vie pratique, c’est important. Je me suis réservé le temps nécessaire pour faire place nette. J’ai déjà rapatrié à mon domicile l’essentiel de mes dossiers et affaires personnelles. Je laisserai sur place la déco de mon bureau, notamment mes photos personnelles du parc de Versailles. Je ne veux pas les garder car elles sont trop liées à mon univers de travail. Je les ai léguées à un collègue qui semble enchanté de les récupérer.
Il me restera une dernière chose à faire : le nettoyage soigneux de mon ordinateur sans rien oublier. Penser non seulement à effacer définitivement (pas seulement envoyer à la corbeille) tous les fichiers personnels mais également les mots de passe enregistrés, les favoris, les historiques de navigation, les cookies, etc.
Enfin je programmerai sur ma messagerie un message de réponse automatique aussi neutre que possible, du genre : Votre message ne peut aboutir car Prénom NOM ne fait plus partie du personnel de Nom_Société.


ET PUIS ADIEU TAF !...