samedi 16 janvier 2016

J-97 – Terre !





Il en va de l'approche de la retraite 
comme des grandes expéditions maritimes...






Ne manquez surtout pas de lire (ou de relire) Rouge Brésil, admirable récit historique de Jean-Christophe Rufin, car il en va de l'approche de la retraite comme des grandes expéditions maritimes d'autrefois. La haute mer laisse au voyageur tout loisir pour fantasmer, pour idéaliser sa future vie à terre et pour concocter des projets mirobolants. Cela ne résiste hélas jamais au fameux cri de la vigie : « Terre ! » A cet instant, la terre n'est qu'une ombre subtile qui souligne l'horizon, imperceptiblement. Ce tout symbolique présage suffit pourtant à faire basculer le navigateur du rêve à la réalité, brutalement. Il va lui falloir prendre pied sur une terre inconnue.



Entrer dans le millésime de la retraite et franchir le seuil des J-100 jours aura été mon cri de la vigie. Tout au long de ma croisière hauturière – entendre depuis que je me suis embarqué à destination de la retraite – je me suis représenté l'atterrissage – la retraite – comme un grand soleil qui inaugurerait une vie professionnelle nouvelle et enfin réussie. J'ai élaboré de doctes business plans pour prendre enfin ma revanche sur la vie. Mais voilà qu'au pied du mur, l'énergie me manque. C'est que je n'avais pas suffisamment médité l'expérience des explorateurs. Avant de songer à monter une expédition de quelque envergure à l'intérieur des terres, ils se dotent toujours d'une base de vie, d'un cantonnement, voire d'un camp retranché. J'ai commis l'erreur de sauter cette étape. Peut-être mes projets n'étaient-ils pas, par nature, trop ambitieux mais ils étaient certainement très prématurés. Je n'ai certes pas trop à me préoccuper des vivres, ni de l'eau douce, ni même (encore que...) d'une protection contre d'éventuels assaillants, bêtes sauvages ou indigènes hostiles. Cependant, même si j'évolue dans un monde d'un autre type, l'analogie coloniale reste féconde. Elle mérite d'être gardée à l'esprit pour guider mon action.

Je livre ici le fruit de mes premières élucubrations.

AVANT

Précaution élémentaire : j'ai pris soin de rassembler mes relations professionnelles autour d'un compte LinkedIn. J'ignore si j'en aurai besoin ou non, mais ce réseau fait maintenant partie de mon arsenal. Une fois à la retraite, je n'aurais sûrement pas été en capacité de le constituer. Il fallait le faire tant que je bénéficiais encore d'une identité professionnelle présentable. C'est facile, c'est gratuit et cela permet de rester crédible au-delà de la retraite. Ne pas oublier : c'est le service minimum du community management.

PENDANT

Entre mon ancienne vie et ma nouvelle vie, j'interposerai, si possible, deux semaines au bord de la mer en guise de phase transitoire.

APRES

Je veillerai à ne pas sombrer dans l'inertie, la procrastination, ni l'oisiveté afin de me prémunir d'une déqualification (disqualification ?) prématurée mais je veillerai aussi à ménager mes forces. J'éviterai de prendre des engagements inconsidérés et prématurés. Je pratiquerai une saine gestion de mon temps : voir J-211 – Le temps passe....

Je prendrai le temps d'organiser mon espace. C'est l'un de mes plus gros soucis : où donc me réfugier lorsque j'aurai perdu la jouissance du bureau que mon employeur met aujourd'hui si obligeamment à ma disposition ? Nous sommes trop petitement logés pour que je puisse accaparer une pièce entière pour mon usage personnel. Ce n'est pas si grave. L'aménagement astucieux des petits voiliers habitables ou encore celui des wagons-lits montrent qu'il doit bien y avoir une solution.

Je prendrai le temps d'organiser mon environnement numérique. Cette préoccupation, que l'on pourrait croire subalterne, est en réalité très importante. Aucun projet ne peut être conduit sereinement sans un système informatique fiable, des données sécurisées et une ergonomie conviviale. C'est pourquoi, dans toute la mesure du possible, je me démarquerai des produits Microsoft. Cette société n’innove plus aujourd'hui en effet que pour emmerder ses utilisateurs captifs !

PLUSIEURS MOIS PLUS TARD

Lorsque tout cela sera en place, alors seulement, envisagerai-je peut-être enfin des projets plus sérieux, des expéditions exploratoires à l'intérieur des terres inconnues.



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Précision :
Les visiteurs les plus assidus de ce blog n'ont pas manqué de remarquer que ma date de départ à la retraite avait été avancée de quelques jours. Ceci est dû à la complexité du calcul de mes droits à congés. De nouveaux recalages sont encore susceptibles d'intervenir d'ici le jour J.